Dans la nuit de lundi à mardi, une grande partie de l’entreprise vosgienne Bleuforêt s’est retrouvée inondée. Deux salariées témoignent sur cet épisode de crues inédit pour l’entreprise.
L’entreprise Bleuforêt, situé au coeur des Vosges à Vagney, a subi de grosses inondations. Brigitte Sillari
« C’est déjà arrivé par le passé, mais jamais autant que ça. » Brigitte Sillari est cheffe d’équipe depuis une quarantaine d’années au sein de Bleuforêt, entreprise spécialisée dans la fabrication textile à Vagney, dans les Vosges. Les inondations qu’a subies l’usine ont atteint un niveau jamais égalé. « Il y avait plus de 20 cm », s’étonne-t-elle.
Pour rappel, une majorité du site a été impactée par les intempéries survenues dans la nuit de lundi au mardi 14 novembre. La cour extérieure, le parking, la salle d’échantillon, la salle de fournitures et la salle d’exposition des chaussettes ont été fortement immergés par l’eau.
L’entreprise étant située entre un canal et la rivière de la Moselotte, les fortes pluies ont occasionné le débordement des deux cours d’eau. « Même encore aujourd’hui (deux jours après l’incident, N.D.L.R.), le débit de la rivière est impressionnant », lance la cheffe d’équipe.
Vidéos Brigitte Sillari.
Plus de peur que de dégâts
La nuit a été mouvementée. « Aux alentours de minuit, les chefs d’équipes sont partis vérifier la chaudière comme ils le font à chaque fois », explique Brigitte Sillari. « En arrivant vers la cour extérieure, ils ont commencé à voir une quantité d’eau importante. »
À partir de là, tout s’enchaîne vite. L’eau monte sans arrêt. Les personnes sur place n’ont pas nagé entre deux eaux. Très vite, les décisions se prennent. La production et les machines sont arrêtées. Naturellement, l’électricité est coupée et les salariés de l’équipe de nuit renvoyés chez eux.
Heureusement, il n’y a pas eu de gros dégâts. Les machines n’ont pas subi de dommage. « Il y a eu un peu de perte de matière première mais c’est surtout des pieds des palettes et des cartons au sol qui ont été touchés », indique la cheffe de production.
Le ménage, pas une mince affaire
Le naufrage a pu être évité grâce aux gros efforts de nettoyage. Au petit matin, les responsables sont partis acheter en urgence des raclettes pour vider l’eau. Les salariés de l’équipe du matin ont été réquisitionnés pour effectuer le plus gros du ménage, les pieds dans l’eau. « Ceux qui ont nettoyé étaient complétement cassés. Je le voyais sur leur visage », se remémore Brigitte Sillari.
Sylvie Humbert en faisait partie. « Ce n’était vraiment pas facile. Au début, nous n’avions pas de lumière. On s’éclairait avec les téléphones portables. Certains avaient des lampes frontales », témoigne-t-elle. « Une fois l’eau sortie, nous avons branché des groupes électrogènes pour s’éclairer. »
Une fois sortie la tête de l’eau, il a fallu nettoyer toute la boue et la saleté restante. L’entreprise de textile a pu compter sur le soutien d’entreprises du secteur. Le magasin Super U de Vagney, ainsi que l’entreprise Rouillon, située à quelques kilomètres, leur a prêté deux grosses autolaveuses.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase
Depuis l’eau a coulé sous les ponts. Tout est revenu à la normale. La totalité des équipes des différents services se sont remises au travail. Mais le timing est « amusant » : le canal d’alimentation vient tout juste d’être remis en service il y a quelques jours. Sa rénovation a couté 560 000 euros à l’entreprise vosgienne.
L.B.