À un mois du début de la saison de ski, les prévisions de chutes de neige dans les Vosges sont encore incertaines. Pas de quoi entacher l’optimisme de la station de la Mauselaine à Gérardmer, où l’on prépare déjà les premières glisses.
À Gérardmer, la station ouvrira dès les premières neiges. Wikimédia Commons/Jérémy Duquesne
Avec le réchauffement climatique, les stations de moyenne montagne connaissent un avenir de plus en plus incertain. Leurs chutes de neige en hiver deviennent impossibles à prévoir. Les Vosges ne font pas exception à la règle, avec une tendance météorologique encore floue à la mi-novembre. « À plus de 10, 15 jours, on ne peut pas faire de prévisions, encore moins à l’échelle locale. Les seules tendances que l’on peut avoir sont à l’échelle nationale, voire continentale », explique-t-on du côte de Météo France Nord-Est.
Pour novembre, décembre et janvier, les dernières estimations des météorologues ne sont pas des plus optimistes. Les températures de début d’hiver devraient, en France, être supérieures aux normales de saison. Pas de quoi avantager les chutes de neige, même si aucune tendance ne se dégage quant aux précipitations pour l’est de l’Hexagone.
Il y a 50 % de chances que les températures soient supérieures aux normales de saison en France entre novembre et janvier. Météo France
Les acteurs sont « optimistes »
Pourtant, dans la station de la Mauselaine à Gérardmer, on n’appréhende pas un hiver difficile. « Je suis de nature optimiste, on prendra la météo qu’il y aura, confie Thierry Bastien, directeur de l’École de ski français (ESF) de Gérardmer. On a l’habitude de Noël avec plus ou moins de neige, et on a déjà prévu les cours de ski pour cette période ». Même son de cloche pour Hubert Gourguillon, président du club de ski alpin de la station vosgienne : « Il faut être optimiste, il y a eu de la neige le week-end du 11 novembre à Gérardmer. D’autant qu’on a un automne pluvieux, et ça va dans le sens d’un hiver enneigé. Puis tout le monde est déjà dans les starting-blocks pour la saison ! »
Du côté de la direction de la station, on ne redoute pas particulièrement l’hiver non plus. « On ne peut pas prévoir la météo. Comme pour les exploitants de pédalos qui ont eu un été pourri après un mai ensoleillé, on ne peut pas être devin et on ne sait pas si on aura de la neige », constate Benoît Perrin, directeur de Gérardmer Ski. Quand bien même, d’après une étude de Météo France, il y a eu une baisse notable de l’enneigement des Vosges au XXIe siècle. Mais cette saison, pas d’adaptation prévue pour la Mauselaine confirme son directeur : « La station ouvrira aux premières neiges et fermera fin février, comme une saison normale. On reste optimiste, sinon on change de métier. »
Des alternatives ?
Si la neige ne tombe pas, ou trop peu, quelques solutions existent pour remplacer l’activité ski. Le club de ski de Gérardmer prend la direction de la Suisse ou de l’Autriche pour s’entraîner. Et pour les cours de ski de l’ESF, certains moniteurs utilisent un autre diplôme (de moniteur de VTT, d’accompagnateur de moyenne montagne…). Mais certains seront sans activité tant qu’il n’y a pas de neige. « Les cours réservés et annulés seront aussi remboursés, même si ça nous fait travailler deux fois », explique Thierry Bastien. Une situation que l’école de ski préférerait donc éviter.
Le directeur de l’ESF veut garder la tête haute : « On voit que le réchauffement climatique est là, on fait avec des hivers irréguliers dans les Vosges. Le ski continuera d’être pratiqué au moins jusqu’en 2050 dans le massif, il ne faut pas enterrer l’activité. »
Titouan Pottier