Prolongé en 2023, le « bonus vélo » a vu ses plafonds d’éligibilité rehaussés cette année pour profiter à plus de ménages. Malgré tout, il peine encore à se faire connaître des acheteurs, et l’aide proposée reste souvent trop faible par rapport au prix d’achat d’un vélo, en particulier pour les vélos électriques.
Les primes les plus importantes s’appliquent à l’achat de vélos électrique. Pexels/Philipp M
Depuis le Covid, les aides nationales ou régionales pour l’achat d’un vélo traditionnel ou électrique se sont multipliées. Parmi elles, le « bonus vélo ». Prolongé en 2023, les plafonds d’éligibilité ont été revus à la hausse cette année pour toucher plus de ménages. Le revenu fiscal de référence par part inférieur pour les revenus modestes passe à 14 089 euros, contre 13 489 en 2022. Et pour les ménages les plus modestes, ce seuil passe de 6 300 euros en 2022 à 6 358 euros.
Une augmentation considérée par les spécialistes du vélo encore trop faible. Pour eux, cette aide n’est pas un facteur déclencheur de ventes.
« Les plafonds sont tellement bas que les gens dépassent tout le temps »
Pour bénéficier du « bonus vélo » il faut avoir des revenus modestes voire très modestes.
« Les plafonds de cette aide sont tellement bas que les gens dépassent tout le temps le seuil », affirme Damien Daugenet, responsable chez Veloland à Augny. Cette aide concerne, selon lui, des personnes aux revenus tellement modestes que malgré la prime elles ne peuvent pas s’offrir un vélo neuf. « Un vélo électrique entrée de gamme c’est au moins 2 500 euros, argumente-t-il, donc ça ne ramène pas une nouvelle population vers le vélo. »
Bien que le bonus pour les vélos traditionnels existe, il ne concerne que les revenus les plus faibles (revenu fiscal inférieur ou égal à 6 358 euros) et ne s’élève qu’à 150 euros.
Les primes les plus importantes s’appliquent à l’achat de vélos électrique. Elles vont de 300 euros pour les particuliers avec un revenu fiscal inférieur ou égal à 14 089 euros, à 400 euros pour les personnes en situation de handicap ou au revenu fiscal inférieur ou égal à 6 358 euros.
Une prime trop faible pour ces ménages pour se permettre un tel investissement. « 300 euros sur un budget de 3 000 c’est insuffisant », déplore Gautier Henner, responsable à l’Atelier du vélo à Nancy.
D’autres facteurs pris en compte pour l’achat
Pour ces vendeurs de vélos, ce ne sont pas les primes qui déclenchent les ventes mais d’autres facteurs pris en compte par les clients. « L’accessibilité du centre-ville, la difficulté de stationnement et le prix du baril à la pompe sont des facteurs déterminants dans l’augmentation ou non de nos ventes », explique Gautier Henner de l’Atelier du vélo à Nancy. Il ajoute : « Aujourd’hui le cœur de ville de Nancy est interdit aux voitures, et ça a bien plus joué que les primes sur les ventes. »
A la Maison du vélo du Grand Nancy, Christophe Cardot, chef de projet promotion et sensibilisation, n’a pas les chiffres du nombre de personnes ayant bénéficié de cette aide puisqu’elle est gérée par l’Etat. Il constate néanmoins une augmentation de l’usage du vélo à l’échelle de la Ville. « Rue Jeanne d’Arc nous avons enregistré 1 447 passages à vélo par jour en octobre 2023, contre 814 en 2022 », détaille-t-il. Mais il préfère mettre en perspective ces chiffres : « Cette augmentation de l’usage du vélo coïncide avec l’arrêt du tram dû aux travaux. »
Les prêts à taux zéro bien plus incitatifs
En plus de concerner très peu de ménages, parmi lesquels peu peuvent se permettre un achat aussi conséquent, le « bonus vélo » est une aide encore méconnue. « Au magasin, une personne sur deux découvre le bonus quand on leur en parle », affirme un vendeur spécialisé cycle chez Décathlon à Épinal.
Pour lui, les prêts à taux zéro sont bien plus incitatifs. Proposés par le Crédit Mutuel ou le CIC par exemple, ils permettent d’acquérir un vélo neuf ou d’occasion, classique ou électrique, avec un crédit pouvant aller jusqu’à 6 000 euros.
Sarah Foughali