Alors que la COP 28 s’ouvrira le 30 novembre à Dubaï, quarante-six millions de praticiens de santé ont signé une lettre réclamant l’abandon des combustibles fossiles : sept millions de décès prématurés sont directement imputables à la pollution de l’air. Entretien avec la directrice du service communication chez ATMO Grand-Est.
Ces dernière décennies, la qualité de l’air s’est améliorée mais reste cependant moyenne. Maxppp/Thierry Suzan.
Laurence Martin, directrice du service communication ATMO Grand-Est : « En trente ans, selon le réseau national des Associations de surveillance de la qualité de l’air, (organisme ATMO), la qualité de l’air s’est améliorée mais reste très moyenne. Une thématique qui devrait s’imposer lors de la Cop 28, qui s’ouvre le 30 novembre à Dubaï. Quarante-six millions de praticiens de santé et des entreprises, à travers le monde signent un appel pour abandonner toute utilisation de combustibles fossiles, directement responsable du décès prématuré de sept millions de personnes par an. Le point avec Laurence Martin, directrice de la communication à ATMO Grand-Est. »
- La qualité de l’air s’est améliorée ces trente dernières années. C’est ce qu’il ressort des assises régionales de l’air, tenues à Nancy en octobre dernier. Comment l’explique-t-on ?
« L’organisme ATMO inventorie l’ensemble des émissions de l’industrie, du transport et résidentiel. Depuis trente ans, des normes contraignantes s’appliquent à chacun de ces domaines : modernisation des installations industrielles qui deviennent plus respectueuses de l’environnement; normes européennes sur les rejets d’échappement, tenant compte de l’usure des pneus, de la qualité des routes; améliorations de l’habitat: normes liées au chauffage, isolation des logements, installation de panneaux solaires ou de pompe à chaleur. Le résidentiel est l’un des secteurs les plus émetteurs de pollution, où se pose la question de l’acceptation sociétale. Est-ce acceptable d’exiger des foyers modestes qu’ils financent de lourds travaux pour rendre leur habitation plus vertueuse sur le plan énergétique ? Il s’agit d’un défi collectif qui prendra plus de temps à être relevé. »
- Malgré tout, la qualité de l’air reste moyenne. De quels leviers dispose-t-on pour l’améliorer davantage ?
« C’est un biais de perception. Il faut remettre les choses en perspective. L’indice de la qualité de l’air s’est durci en prenant en compte des polluants oubliés jusqu’ici. Ce qui explique le déclenchement plus régulier des alertes. Pour poursuivre l’amélioration de la qualité l’air, il faut poursuivre l’effort et proposer un bouquet d’offres. Il s’agit de combiner la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), le développement de transports performants (électriques ou roulant aux gaz naturel de ville), les déplacements doux, rendre les villes facilement praticables par tous (rues scolaires) et rénover le parc immobilier vieillissant. »
- Dans les cadre de la COP 28 de Dubaï, quarante-six millions de praticiens de santé et des entreprises signent un appel à abandonner les combustibles fossiles. l’organisme ATMO compte-t-il parmi les signataires ? Et la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold n’est-elle pas un mauvais signal dans l’amélioration de la qualité de l’air visée ?
« L’organisme n’a pas valeur à s’engager. Il a une mission d’objectivité et d’information. Pour ce qui concerne la centrale de Saint-Avold, l’organisme n’a pas vocation à commenter cette réouverture. Pour rappel, la centrale Émile Huchet a rouvert quelques mois après sa fermeture, pour pallier un éventuel manque de production énergétique en Europe. La rénovation du parc nucléaire et le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie ont motivé cette réouverture inopinée. Pourtant, cette année encore, la centrale est en état de marche pour répondre à la demande énergétique européenne. »
Emmanuel Keller