L’Écolorrain

L’Écolorrain est le nouveau média purement web à Nancy et en Lorraine.
Jeunes journalistes, nous abordons les thématiques environnementales
et écologiques qui touchent tout le monde dans la région.

Bure : tout comprendre à la polémique sur la campagne de communication de Cigéo

Le 8 novembre, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a annoncé le lancement d’une nouvelle campagne de communication pour le projet Cigéo, à Bure. Scandalisés, les opposants au projet d’enfouissement des déchets ont dénoncé une « blague » et de la « propagande ». Dans la foulée, l’ex-député Denis Baupin a pris position sur X.

Le site de Bure est conçu pour stocker des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue. Shutterstock

La nouvelle campagne de communication de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) fait parler. La polémique s’inscrit dans un contexte déjà tendu. De nombreux militants s’opposent au projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à Bure, depuis plus de 20 ans. Les premiers déchets radioactifs devraient arriver en 2025/2030.

  • Acte 1 : l’Andra investit 300 000€ dans sa campagne de communication

Un site internet, des affiches, un film sur YouTube, des messages sur les réseaux sociaux…L’Andra a dévoilé sa nouvelle campagne de communication ce mercredi 8 novembre. Diffusée dans le Grand Est et déployée sur Internet, elle vise à rappeler que les déchets radioactifs seront enfouis à Bure pour protéger les générations actuelles et futures. Une piqûre de rappel qui coûte 300 000€ à l’Agence.

Pour communiquer, l’Andra a notamment publié une vidéo, nommée Lettre aux générations futures. On y retrouve Cindy, Thierry, Natacha, Frédéric et Yann, des ingénieurs, techniciens ou encore des géomètres, filmés sur le site. En plein travail, les employés y expliquent les tâches qui leur incombent, sur un air de musique classique.

Une opération de séduction, qui montre ce qu’il se passe derrière les murs du site, donne un visage à ceux qui y travaillent pour dédiaboliser l’Agence et y attirer du personnel. « Cette campagne s’adresse également aux actifs et potentielles recrues, dans un marché de l’emploi tendu », reconnaît l’Andra dans un communiqué de presse.

Dans un univers futuriste, peuplé de tours immenses et de robots, une enfant regarde par la fenêtre, sur les affiches de la nouvelle campagne de communication. En ligne, une rubrique propose même au tout venant d’adresser un message anonyme aux générations futures. « Nous avons fait tout notre possible pour sauvegarder notre planète. Essayez de faire mieux », écrit notamment Monique.

Quant à la vidéo, elle se conclut par une adresse directe. « À toi, dont le présent est notre avenir, sache qu’ici, à l’Andra, nous travaillons pour toi ». Contre les accusations de « poubelle nucléaire et dangereuse pour des milliers d’années » lancées par les militants anti Bure, l’Agence se montre tournée vers le futur.

  • Acte 2 : Stop Cigéo réagit

Stop Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est un collectif anti Bure. Il existe depuis la création du projet et a organisé de multiples manifestations. L’association réagit dans un communiqué en date du 8 novembre, nommé « C’est une blague ou quoi? ». « Communication grossière et de grosses ficelles », « un insupportable et terrible fardeau pour des siècles », ou encore une « rassurance gratuite et de la désinformation »… Le collectif ne manque pas de qualificatifs pour décrire la campagne. Sur les impacts sanitaires, les risques d’incendie ou d’explosion, les contaminations, « pas un mot ».

Qualifiant la campagne de « propagande mensongère », Stop Cigéo conclut avec une question cinglante. « Alors, grosse campagne de conte de fées ou aveu de l’impuissance de l’Andra et de l’être humain face à ce legs terrifiant? »

« On nous écrit un beau roman, on nous dit que les déchets radioactifs seront gérés de façon censée, responsable et anodine pour l’environnement », résume Corinne François, la porte-parole du collectif, à France Bleu, toujours le 8 novembre.

  • Acte 3 : l’Andra se défend

« On n’essaie pas du tout de repeindre les déchets en rose, c’est bien parce que ces déchets sont dangereux qu’on assure cette mission », lance Annabelle Queret, la cheffe de la communication à l’Andra, interviewée par France Bleu : « Ce n’est pas un message pro-nucléaire, l’Andra n’est ni pour, ni contre le nucléaire. »

  • Acte 4 : Denis Baupin s’en mêle

Le 10 novembre, la polémique a gagné X (anciennement Twitter). Denis Baupin, ancien député, et ex-membre d’Europe écologie les verts (EELV) s’empare du sujet. Celui qui a notamment été adjoint au maire de Paris en charge des Transports puis du Développement durable entre 2001 et 2012 réagit : « Stocker dans la croûte terrestre ses déchets, alors que la promesse était de les traiter, est un scandale éthique pour les générations actuelles et futures. C’est un grave précédent. Que dira-t-on aux autres industriels qui voudront suivre cet exemple? », s’interroge-t-il.

Le politique fait encore référence à une seconde actualité, dans son tweet. Le 27 octobre, le Conseil constitutionnel a jugé la mise en œuvre du projet Cigéo conforme à la Constitution. « C’est la loi, et non Cigéo, qui ne méconnaîtrait pas les droits des générations futures « , ajoute-t-il en qualifiant la campagne d’intox ».

Anabelle Filoche