Noël approche, et l’heure d’acheter son sapin aussi. Découverte de deux producteurs lorrains, qui en vendent à l’échelle locale, et qui ont la particularité de les cultiver dans une démarche écologique.
Les sapins de Lorraine trouvent du succès localement. Exword
La Lorraine est, entre autres, connue pour ses marchés de Noël et ses belles forêts. Une ressource que certains cultivent pour les fêtes de Noël : plusieurs pépiniéristes sont implantés dans la région.
C’est le cas par exemple en Moselle, où Céline Neveux cultive une centaine de sapins dans son exploitation. L’agricultrice des Coteaux Gourmands, une production labellisée bio à Norroy-le-Veneur, fait pousser des sapins de Noël sur une de ses parcelles. « La terre n’était pas assez riche pour faire pousser des légumes à un endroit, mais assez pour des sapins. J’ai donc tenté l’aventure », explique la quinquagénaire, qui s’est installée dans la région en 2012. Des sapins bio donc, cultivés à petite échelle : pas plus d’une centaine sont plantés chaque année.
Le sapin des Vosges pour Noël
À l’opposé de la région, ce sont les Vosges dont l’arbre emblématique est le sapin. Ses forêts de montagne couvertes de résineux rappellent le Canada, et c’est dans ce massif que sont implantés plusieurs producteurs de sapins de Noël. Parmi eux, Laurent Hatton. Avec Fabien Mathiot, il gère l’exploitation des Sapins de Noël des Vosges autour de Saint-Dié-des-Vosges. 13 hectares abritent leurs parcelles (larges de 3 000 à 4 000 m²) sur six communes, pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. « Avec le bouleversement climatique, on fait face à de plus grands aléas au niveau de la météo. On a donc dû s’adapter, en espaçant des parcelles notamment. Par exemple, l’année dernière, 1 000 sapins ont été brûlés par la grêle sur une partie de l’exploitation, alors que les autres étaient épargnés », explique le sylviculteur. Il adopte aussi une nouvelle orientation de ses sapins, évitant le plein sud face aux étés caniculaires. Mais malgré ça, il a subi une mauvaise année 2023 pour ses jeunes plants : « La sécheresse les a tué. »
En Moselle, les Coteaux Gourmands connaissent une autre problématique : le gibier. « Les chevreuils mangent les jeunes plants, et les sangliers retournent la terre. Ils ont déterré la moitié de mes sapins cette année ! », regrette Céline Neveux.
Une démarche écologique
Face à ce changement climatique, Laurent Hatton persiste dans une démarche écologique. Aucun intrant chimique n’est utilisé, l’herbe autour des sapins pousse assez longtemps pour laisser place à la biodiversité, du paillage est en train d’être testé pour garder l’humidité… Au même titre que Céline Neveux, qui est labellisée bio. Sauf que les sylviculteurs vosgiens n’ont pas la certification : « On veut rester libre, et je ne pense pas qu’il y ait un intérêt au bio. Aujourd’hui, les gens sont plus sensibles au local, ils veulent voir d’où vient le produit. »
Dans cette perspective de culture locale, les deux producteurs de sapins de Noël fournissent exclusivement dans la région. En Moselle, Céline Neveux vend ses sapins dans un rayon de 15 km autour de son exploitation, « grâce au bouche-à-oreille ». Sapins de Noël des Vosges distribuent quant à eux leurs 4 000 arbres par an dans leur exploitation à Coinches, et dans quatre jardineries de Lorraine : à Nancy, Gérardmer, Saint-Dié-des-Vosges et Épinal.
Titouan Pottier